Pour survivre dans ce monde intrépide du travail, je n’ai trouvé qu’une seule solution : me rendre importante. Puisque ma lumière ne semblait pas sauter aux yeux du Monde (et encore moins à mes propres yeux), j’étais obligée de me démarquer par des choses plus faciles : disponibilité, ponctualité et performance. En bref, une bonne exécutante avec de chouettes valeurs. Si j’avais eu un bulletin, il y aurait sans doute eu marqué : “résultats satisfaisants, salariée souriante et agréable mais quand même pas d’avenir”.
J’ai œuvré comme “vacataire” pendant 5 années, en sautant d’un service à l’autre. La seule opportunité offerte par l’établissement, c’était celle d’être en sous-effectifs. J’ai dû remplacer au pied levé des démissionnaires, des licenciés, des personnes malades, d’autres incompétentes. D’un “bouche-trou”, je suis devenue “nécessaire”, et tout ça sans faire de bruit.
En effet, j’étais une collègue appréciée, j’atteignais toujours les objectifs fixés et je m’adaptais rapidement, le tout sans coûter très cher. Et pourtant, mes diverses missions n’étaient pas très claires et souvent complexes... Il n’existait ni fiche de poste, ni procédure, aucune organisation commune, jamais de tuilage. Chaque service m’a valu des surprises et chaque remplacement était un nouveau challenge. Et vous savez quoi ? J’ai adoré ça.
En parallèle, je m’affirmais en tant que coach et j’accompagnais mes petits joueurs pour en faire à mon tour des mini-dragons. Cette envie de transmettre, de partager, de fédérer et ma passion dévorante pour le basket et sa technique, m’a amené à me former, non pas sans angoisse, parce que c’était comme un retour à l’école qui était pour moi, synonyme d’échec. Et pourtant, j’ai surmonté mes craintes et après plus de 3 ans de formation, je suis parvenue à obtenir le diplôme visé, pourtant pas simple à atteindre.
Pour la première fois de ma vie, je devenais quelqu’un. Pas juste une copine, une joueuse, une fille quelconque, j’étais également celle qui se prouvait à elle-même qu’à défaut d’être une lumière, elle pouvait aussi briller grâce à ses savoir-faire et son savoir-être.